Quelque part dans les égouts

(hj: Je vais faire le maitre de jeu tant qu'on n'a pas assez de joueurs pour que ça tourne tout seul)

Là était bien le problème : elles avaient besoin de ce qu’il y avait de plus difficile à obtenir et surtout à conserver. La plupart des nouvelles arrivantes avaient eu la présence d’esprit d’emporter avec elles quelques produits de premières nécessité avant de fuguer. En comptant l’aide humanitaire, vous ne risquez certainement pas de manquer de pâtes, de riz, de lait en poudre et de boites de conserve. Ces groupes pensent vous rendre service en vous fournissant exclusivement des denrées faciles à conserver mais en réalité, on a vite fait de tomber malade avec un régime pareil, surtout quand on a été habitué à manger sainement toute sa vie. La communauté, et plus particulièrement les jeunes, ont besoin de produits frais, surtout des fruits et légumes et du lait entier. Si possible, un peu viande ne serait pas du luxe non plus.
Les nouvelles ont également ramené pas mal d’argent. Tout le problème étant de pouvoir remonter à la surface pour l’utiliser. Si tu pouvais ramener quelques vêtements neufs, quelques filles pourraient se risquer dehors pour acheter des ustensiles de cuisine et des objets pouvant servir d’armes improvisées (dans les magasins de bricolage, on trouve des tournevis, des serpes, des haches…)

Comme à l’accoutumé à chaque nouvel arrivage important de nourriture une espèce de veillée s’improvise dans les égouts, avec les moyens du bord. Avec des restes de palettes volées et de bois de chauffage, vous allumez un petit feu de camp juste assez gros pour vous éclairer sans enfumer tout le couloir ni révéler votre présence. Habituellement, il est impensable de chanter ou jouer de la musique pendant ce genre d’événement. Tout juste s’autorise t’on à parler un peu plus fort qu’en temps normal mais les salles du conservatoires résonnent à tous moments des répétitions et des concerts menées par les femmes de la surface, personne ne risque donc de vous entendre là haut, et quand bien même vous seriez confondues avec le reste des instrumentistes.
Ce soir, les filles se lâchent plus encore qu’à l’accoutumé : les jeunes se déshabillent et s’exhibent nues autour du feu dans des postures obscènes, poussent des cris et des jurons à choquer un rocker d’usine, racontent des histoires odieuses, se battent entre elles sans le moindre prétexte pour le seul plaisir de se rentrer dedans et de se faire mal… c’est ce que font toujours les nouvelles à leur arrivée dans la communauté : passer par tous les excès qui leurs sont défendus de l’autre coté.
Pendant la fête, la « vieille Louise », pas si vieille que cela du haut de ses trente cinq ans mais qui doit son nom à son ancienneté dans le groupe te prend à part dans un coin discret éloigné du feu. C’est l’une de tes plus anciennes amies. Elle est arrivée dans les égouts l’année de ta naissance et a bien connu ton père et a déjà passé des nuits blanches en ta compagnie à te raconter quel genre d’homme il était.
Une fois à l’abri des regards elle te sourit avec résignation et te murmure à l’oreille qu’elle va être obligée de te dire adieu cette fois. Demain, elle remontera à la surface.
Comme tu l’interroge sur les raisons de son départ, elle retrousse l’une de ses manches et te montre sa peau, devenue à plusieurs endroits aussi bleue que la tienne.

« J’ais le virus. Si je reste la, je ne tiendrais pas jusqu’à la fin du mois, il faut que j’aille à l’hôpital en vitesse. Et tu sais qu’une fois que les traqueurs t’ont mis la main dessus, ils ne te lâchent plus… encore moins si tu es malade. D’ici quelques semaines, je serais peut être mariée à un médecin qui passera le reste de sa triste vie à veiller sur ma petite santé. C’est pas grave, toutes ces années ici ont été vraiment chouettes. »

La vieille Louise se contentait de sourire à tes paroles consolatrices, sachant bien qu'elle ne risquait sûrement pas de devenir comme toi et qu'elle pourrait s'estimer heureuse si seulement elle parvenait à guérir sans la moindre séquelle.

"Tu sais, j'ais un peu honte de l'admettre mais... il n'y a pas que la maladie. Maintenant, ça va faire quinze ans que je vis sous terre et... il y a des choses qui finissent par me manquer. Se balader dans les jardins sans avoir à se cacher, s'allonger dans l'herbe en plein soleil, s'endormir au chaud lovée entre deux gros bras bien lourds... et les calins! Les GROS calins, je veux dire.
On ne peut pas continuer à priver les sauvageonnes de tout ça. Dès mon retour à la surface, je m'engagerais par la voie officielle et ferait en sorte que les débats avancent. Même si ma maladie est malheureusement la preuve que certaines lois sanitaires et sécuritaires sont encore nécessaires, il en est d'autres qui ne servent plus à rien et ne sont plus tolérables. "

Eh bien ! Tetra peut quelques fois se montrer cassante. Mais Louise a compris le message : désormais, elle n’est plus la bienvenue ici. On ne peut pas trop en vouloir à quelqu’un qui n’a jamais connu d’autres modes de vie que celui des égouts et qui ne sait pas ce que c’est que de recevoir l’amour d’un homme en dehors de son père, mais quand même, Louise aurait espéré ne serait-ce qu’une petite marque de compréhension, ou au moins d’indulgence. Tant pis. Deux heures plus tard, lorsque les choses commencent un petit peu à se calmer du coté des fêtardes, Louise a complètement disparue, probablement déjà partie vers la surface et l’hôpital le plus proche.
(suite de l’histoire de Louise au conservatoire)

Vingt-quatre heures passent sans qu’aucun autre événement particulier ne viennent perturber votre petit quotidien, ce qui est assez bienvenu compte tenu des nombreuses émotions fortes que t’ont fournies les évènements récents. L’image de la vieille Louise te revient en permanence à l’esprit. Avec un certain écœurement mêlé d’appréhension, tu l’imagine dans sa future vie quotidienne obligée d’aller se coucher tous les soirs à dix heures maximum, de manger à heure régulières les « repas équilibrés » qu’on lui mettra dans l’assiette elle qui a horreur des légumes, de sortir couverte à la première petite brise, de se faire porter, bercer, border, sermonner et même de recevoir quelques fois ces petites punitions ridicules et bénignes qui font pourtant si peur aux femmes-fillettes de la surface. Cette dure à cuire que tu as déjà vu serrer les dents pour ne pas se plaindre malgré un poignet cassé, de l’imaginer bientôt en train de pleurnicher comme un bébé à cause de quelques malheureuses petites tapes sur les fesses finit de te donner la nausée.
Vers la tombée de la nuit, du moins le supposez-vous car il est difficile d’évaluer le moment de la journée dans lequel on se trouve quand on vit sous terre, je groupe reprend sa migration.. Quelques unes se demandent ce qui est arrivé à Louise et l’évidence de la réponse suffit à donner au groupe un petit air de morosité.
Tout le monde sursaute d’un seul coup lorsque, sans aucun signe avant-coureur, une voix puissante et masculine résonne à travers tout les égouts par le truchement d’un mégaphone. Immédiatement, tout le monde pensent à une attaque de traqueurs et les plus nouvelles se blottissent contre les autres en tremblotant. Même les anciennes ne sont pas fières.
« Avis à la communauté de femmes dites « sauvageonnes », je suis le docteur Benoit. L’une des vôtres s’est présenté ce matin à l’hôpital avec des symptômes très graves du virus gynécide. Mon équipe et moi même sommes descendus dans les égouts et partis à votre recherche de notre propre initiative sans avertir les autorités. Nous ne souhaitons que vous examiner. Aucun traqueur ne nous accompagne, nous ne sommes pas armés et largement inférieurs en nombre. »

La voix vient de très loin. Suffisamment loin pour permettre de passer son chemin et de les laisser continuer à l'aveuglette sans jamais vous trouver si telle est votre décision. Et un simple coup d'oeil aux visages interrogateurs fixés sur le tien te fait comprendre qu'en l'absence de Louise, la décision n'appartient plus qu'à toi.

« Eh attendez une seconde, je connais cette voix là ! »
A l’endroit ou tu es apparu, trois hommes et une femme en tenue civile mais surchargés de sacs contenant probablement du matériel médical attendaient leur réponse. Alors que tu la leur donnait, celui qui a l’air de diriger le groupe fait un geste à ses compagnons et s’avance vers toi ; Tu reconnais les traits de l’homme qui t’avait fourni un chariot la veille.
« Mais oui, c’est bien ma petite diablotine d’hier. Bon, eh bien je vais vous présenter mon équipe : Nous avons le docteur Leroux, psychiatre, psychologue et hypnotiseur, (il désigne un vieux monsieur qui ressemble à un père Noël), le docteur Quillet, (il désigne une grande jeune femme à l’air sérieuse et déterminé) bactériologue spécialiste des virus de guerre, le Docteur Mortier (un homme du même âge que lui mais plus petit et plus mince), gynécologue, et moi même, médecin généraliste. Je ne travaille pas à l’hôpital mais nous sommes de vieux amis d’école tous les quatre.
Comme vous l’avez compris, nous avons tous des spécialités complémentaires. Emmener seulement deux d’entre nous ne servirait à rien. Vous devez nous prendre tous les quatre ou pas du tout. »

Pas plus intimidés que ça, les médecins commencent à déballer tout leur matériel: gants, coton, pansements, désinfectants, seringues, flacons à échantillons ainsi que plusieurs lots de draps propres à disposer sur la "table d'examen" improvisée avec quelques planches solides rescapées du feu de camp. A défaut d'eau distillée, ils demandent de l'eau potale pour se rincer les mains après chaque examen. Un coup d'oeil déçu à vos maigres reserves suffit à leur faire comprendre que rien ne sera facile.
Cyril à l'intention de ses collègues:
"Bien, je crois que pour s'en sortir, il va falloir être économe de tout... sauf de nos efforts."

Puis, en direction des sauvageonnes: "Qui montre l'exemple?"

Une fois n'est pas coutume,pour ce qui est de se prèter à un examen médical ce sont les plus récentes sauvageonnes, habituées à ce genre de traitement, qui le lancent les premières tandis que les autres restent craintivement en arrière à la vue des seringues. Pour chaque cas, les médecins préèvent un échantillon de sang, questionnent abondamment sur l'hygiène, le repos et l'alimentation, procèdent à un examen du corps sous toutes les coutures au plus grand mépris de la pudeur, font quelques recommandation et n'omettent pas quelques gestes et paroles réconfortantes. Pour ce que tu en entends, le discour est plutôt optimiste mais ça ne veut pas dire grand chose: Une sauvageonne ex-infirmière à domicile t'avait expliqué que depuis qu'on avait compris à quel point un état mental et moral positif, alliée à une certitude de bonne santé ou, à défaut, de rétablissement rapide aidait considèrablement la guérison, les médecins se montraient toujours optimistes devant les patients, à plus forte raison envers les enfants et les femmes, jugées "trop fragiles" pour entendre certaines vérités.

Alors que tu assommait l’équipe de médecins de tes commentaires acides tandis qu’il travaillaient sans relâche pour préserver la santé de ta communauté, un agacement de plus en plus vif se peignait sur leurs visage. A la fin, excédé, Cyril relève une de tes critique et sans même prendre le temps de tourner les yeux vers toi, tout en continuant de travailler sur la sauvageonne s’exclame « Quand j’aurais besoin d’entendre braire un âne je te sonnerais ! En attendant, tu serais bien gentille de la fermer et ne nous laisser faire notre travail. Je te rappelles que le moindre problème qui échappe à notre vigilance maintenant peut donner une épidémie d’ici deux semaines. »

Généralement, les hommes n’emploient ce genre de ton qu’envers leurs semblables. Si les femmes sont souvent grondées avec paternalisme on n’est jamais aussi brutal avec elles. Tu peux donc considérer cela comme une marque d’estime autant que comme une insulte.
Après une journée et demi de travail, les médecins fourbus rangent péniblement leurs échantillons. Cyril te prend à part. Malgré les grosses cernes sous ses yeux, son regard est encore vif.
« Puisque tu semble être la chef de ce groupe, je vais te dire la vérité : pour l’instant, nous n’avons repéré aucun cas de maladie déclaré. Les échantillons de sang nous diront si quelqu’un porte le virus à l’état latent ou non.
Par contre, ne te vexe pas mais… elles sont sales ! Sales, maigres et fatiguées : le cocktail explosif. Dans des condition pareilles, s’il y a la moindre porteuse dans le groupe, elles seront toutes malades. C’est heureux que Louise soit parti à l’hôpital avant d’avoir contaminé qui que ce soit.
C’est pour ça qu’on va avoir besoin de toi, et je te demanderais de m’écouter avec le plus grand sérieux : A partir de maintenant, si tu aperçoit la moindre tâche bleue sur une autre peau que la tienne, même si ça ressemble à un gros hématome, tu me’envoies la fille tout de suite. En échange, tu as ma parole que je ne livrerais personne aux autorités , tout le monde sera libre d’aller ou bon lui semble mais UNIQUEMENT après totale guérison.
On est d’accord ? »

Tetra n'en était nullement insultée, ni même frôlée dans son estime. Elle souriait amusée de la frustration de cet homme.

"Que de frustration. Cependant, dites vous que je suis gentille en ce moment en fait. Vous êtes plutôt chanceux."

Après la journée, certaines filles viennent me voir inquiètes. Elles ne voulaient pas retourner à la surface. Elles voulaient rester. La présence de ces gens les dérangeait. Tetra leur sourit, leur disant qu'il n'y avait rien à craindre. Quelle ferait tout ce qu'il était possible de faire pour les protéger.

Puis, son papier collant favoris la pris à part pour lui expliquer la situation. Une situation fort embêtante et une proposition qui tien qu'à un fil.

"Plusireurs d'entre elles sont sales depuis des années, et elles n' en sont que plus fortes. Une ultra propreté affaiblit le système immunitaire. Je m'inquiète uniquement pour les nouvelles. Elles sont encore faibles, trop faibles pour vivre ici à cause de leur précédente vie surprotégée... une des raisons pour laquelle on en veut autant à la société d'en haut."

Elle soupira.

"Je vais les surveiller, et leur conseiller de faire comme Louise si elles sont malades. Mais..."

Elle le regarda longuement.

"Que vaut vraiment la parole d'un homme? À vos yeux, elle pourrait très bien ne jamais être vraiment guérit. Alors notre entente serait... injuste. Les filles ne me pardonneraient pas de les avoir envoyées dans ce genre de guêpier."

Elle arrêta un moment et changea du tout au tout de sujet.

"Louise voulait un bon mari médecin. Vous ne connaîtriez pas quelqu'un pour elle?"

« Un bon mari ? Mais le pays en est rempli. D’ailleurs, il n’est pas nécessaire que ce soit un médecin, nous avons pu commencer à la traiter à temps et il y a de fortes chances pour qu’elle ne garde aucune séquelle. Si c’est à nous que vous pensez, pour le moment, mes collègues et moi consacrons tout notre temps et toute notre énergie à combattre les virus de guerre. Même la petite Amélie (il désigne la femme médecin) ne voit plus sa famille qu’une ou deux fois par semaine.
Mais rassurez vous, je me débrouillerais pour lui faire rencontrer un mari aimant, dévoué et… pas trop à cheval sur les règles. (petit clin d'oeil)
Maintenant il est temps de nous quitter. Nous avons tous beaucoup travaillé et Amélie devrait déjà être baignée et couchée depuis deux heures. »Le gros bonhomme qui ressemble à un père Noël avait déjà pris sa collègue dans ses bras et caressait doucement ses cheveux en la berçant.
De ce que tu en sais, bien que peu nombreuses les femmes sont très appréciées comme médecin à la surface, pour éviter aux dames pudiques de se déshabiller devant un homme inconnu. Celle ci est vraiment un curieux personnage : tant qu’elle travaillait, ses gestes étaient précis et énergiques, son regard fort et volontaire. Une fois la pression du travail retombée, elle ressemblait entre les bras du gros bonhomme à n’importe quelle autre « femmes-fillettes » de la surface.
« Bon eh bien… au revoir petite démonette. On se revoit d’ici une semaine ? »

Cyril prit un air faussement naïf en faisant semblant de réfléchir.
« Comment vous retrouver… c’est vrai que vous vous déplacez beaucoup. Oh mais oui !Seigneur suis je sot je n’y pensais plus » (apparemment il y pensait depuis le tout début) « C’est toi qui me retrouveras ! Je ne pense pas que tu auras le moindre problème pour te faufiler chez moi, ou même à l’hôpital. Si tu ne te souviens plus ou j’habite, je vais te le noter sur un papier. »
Il prit un stylo, une feuille et commença à griffonner son adresse avant de te remettre le papier.
« Au fait, sais tu comment on a découvert le remède, puis le vaccin contre le sida ? On a découvert en Afrique du sud des prostituées qui avait développé une immunité naturelle au virus. Les prostitués, en ces temps de mondialisation marchande étaient des femmes qui travaillaient en vendant… ahem, disons qu’elles vendaient aux hommes le droit d’avoir des rapports intimes avec elles. De plus, dans les campagnes arriérées de ce qu’on appelait à l’époque le tiers-monde ou les pays pauvres, beaucoup d’endroits ne connaissaient même pas les préservatifs.
Autrement dit, c’est parmi les personnes les plus exposés au virus, ceux chez qui le virus tuait par milliers d’hommes et de femmes qu’est apparu le sujet immunisé et c’est en étudiant son cas qu’on a pu immuniser tout le monde. Tu vois ou je veux en venir ? »
Il marqua une petite pose tout à fait théâtrale.
« Depuis ta naissance tu luttes pour libérer les femmes des contrôles d’hygiène, d’alimentation et de tout les protocoles de sécurité qui les étouffe. Mon équipe et moi nous battons contre la maladie qui rend ces protocoles nécessaires. Et si la réponse était quelque part dans ton sang ? »

"Moins présent qu'avant? Si tu le dis... On en reparlera dans une semaine, tu auras le temps de te décider.
Ah et fait quand même attention à toi. Ce n'est pas parce qu'on te suppose immunisée que tu dois courir des risques inutiles.Et quand bien même le virus ne pourrait pas te toucher, si tu restait trop longtemps à proximité d'une malade il pourrait t'utiliser comme véhicule pour infecter quelqu'un d'autre. C'est aussi ce qui se passait pour le sida au début du 21ème sciècle: des personnes porteuses de la maladie qui n'en souffraient pas mais pouvaient quand même la transmettre. On peut affirmer que ce n'est pas ton cas, sinon tu aurais décimé toute la communauté mais ça peut le devenir si tu t'approche trop d'une amie qui commence à virer au bleu."

Il se tourne après un ultime au revoir, fait quelques pas en direction de son équipe déja en train de partir, puis se ravise etrevient vers toi.

"Oh et puis zut, arrache moi les yeux si tu veux mais il faut que je le fasse."

et il te dépose un léger baiser sur la joue avant de repartir.

Quand le médecin t'a déposé un baiser sur la joue, beaucoup de tes compagnes ont frémis, craignant que tu le taille en pièces. quand tu as répondu par une griffure, ce sont les nouvelles qui ont sursauté, terrorisé par le geste "sacrilège" que tu venais d'accomplir. Un geste aussi aggressif envers un homme, et pour un simple baiser... certaines avaient été sévèrement punies pour moins que ça à la surface et malgrès tes pouvoirs, elles s'attendaient presque à voir le médecin t'allonger en travers de ses genoux pour te faire endurer ce traitement certe peu douloureux mais tellement outrageant, d'ailleurs peut être plus outrageant encore du fait qu'il ne faisait pas très mal, que leur tempéramment rebel les avaient si souvent conduites à subir dans leur ancienne vie.
Cyril, quand à lui a l'air de prendre ça à la rigolade.
"Tu es dure en affaire: quatre plaies saignantes pour un baiser sur la joue, ça en valait encore la peine, mais un oeil, c'aurait vraiment été trop cher payer."

Tout le monde soupire de soulagement en voyant l'équipe médicale partir, mais tu devines avec une certaine colère que beaucoup d'entre elles ont aimé passer cette visite. Qu'elles ont aimé être touchée par des mains d'hommes, entendre une voix d'homme leur dire des choses douces et savoir que des hommes se préoccuppaient de leur santé.
Après avoir été livrées à elles même si longtemps, elles ont aimé se sentir à nouveau protègées par un homme.
Qu'une créature hors norme telle que toi s'accroche à son identité de femme et tâche d'être une femme comme les autres, de vivres comme elle et de les préserver est tout naturel. Mais bien que tu n'utilise tes pouvoirs que dans leur interêt, la seule existence de ces pouvoirs qui te rangent sans erreurs possible dans la cathégorie des forts, au dessus même des représentants du "sexe fort", crée quelqques fois une distance entre elles et toi. Il est certains de leurs sentiments que tu ne pourras jamais vraiment comprendre, et ce désir de se sentir protègée en fait partie.